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01/02/2022

John Donne, Poésie

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            Maléfices par un portrait

 

         Fixant ton œil, je m’apitoie

         Sur mon portrait, qu’y vois brûler ;

         Le vois en un pleur qui se noie,

         Plus bas venant à regarder.

              Ayant l’art maléfique

         De me tuer par ma réplique,

Que de fois pourrai-tu combler tes vœux iniques ?

 

         J’ai bu ta douce-amère larme :

         Si tu pleures encor, je pars ;

         Le portrait n’est plus, ni l’alarme

         Qui me puisse navrer ton art.

              S’il me reste une image

         De moi, elle sera, je gage,

Se trouvant dans ton cœur, sauve de tout dommage.

 

John Donne, Poésie, bilingue, traduction Jean Fuzier,

Poésie/Gallimard, 1991, p. 157.