26/11/2013
Pierre Chappuis, Le noir de l'été
Une semaine avec les éditions La Dogana
Là encore, absente
Par bouffées, le vent lui apporte, amoindri, presque passé (de même le bleu, comme d'une fin d'après-midi), un parfum de glycine. Tiédeur, moiteur l'envahissent.
Rêveuse, à la croisée ; son esprit autant que son regard se perdent, — mais non : tout allées et venues — parcourent coteaux et vallonnements épanouis en pente douce sous ses yeux.
Ou plutôt, là encore, absente, portée sur une nappe de lumière...
Elle se voit (plus vrai !), elle va, légère, mélodieuse (plus vif !) dans les couleurs d'avril, prêtant sa voix, ses larmes.
Sa marche : éveil dans la complicité des herbes, des pierres hors des chemins.
Son regard : au passage, ce frémissement dans les halliers.
Et sa respiration : paisible, pourtant soutenue, presque haletante parfois dans les creux d'ombre ; toujours à l'unisson de l'heure étale, immobile, où finalement ses désirs se diluent.
De même, dans le ciel, dissipation de temporaires assombrissements.
Ses désirs. Le pollen de ses désirs comme une brève coloration de l'air.
Délivrance ! En elle afflue enfin un sanglot.
Une fois encore, il s'amenuise (langueur !), s'épuise en elle ; n'éclate pas plus que l'orage passé derrière l'horizon chimérique.
Elle n'a plus maintenant qu'à céder à la langueur, à la morne indolence du soir.
Pierre Chappuis, Le noir de l'été, La Dogana, 2002, p. 9-11.
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