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18/11/2014

Jacques Réda, La nébuleuse du songe, suivi de Voies de contournement

Jacques Réda, La nébuleuse du songe, suivi de Voies de  contournement, création du monde

J'étais là. Je voyais se former les chimères

Du futur, comme si je les avais déjà

Vues s'accomplir avant que ne se dégageât

L'intention blottie au cœur glacé du vide.

Enfin elle s'échauffe, et l'excès du torride

Sur sa flamme la tord, la pousse à s'arracher

Aussi loin que possible enfin de ce bûcher

Fondu dans un bouillon de lave — et qu'en bondissent

Des grumeaux de charbon ardent qui refroidissent

Peu à peu sous le vent presque aussi violent

De leur course dont rien ne cassera l'élan.

Sinon (comme un troupeau dans des friches fleuries

Propices au repos, s'attarde en flâneries

Et succombe au besoin grégaire des moutons)

Le tournis planétaire, où d'abord à tâtons,

Sous un soleil encore embarbouillé d'éclipses,

La vie a démêlé ses premières éclipses

Dans la confusion du cosmique rugby.

 

Jacques Réda, La nébuleuse du songe, suivi de Voies de

contournement (La Physique amusante III), Gallimard,

2014, p. 61.