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13/10/2012

Jean-Pierre Verherggen, Ni Nietzsche, Peau d'Chien !

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                           Par-delà le larbin papal

 

                                                                     Iéna, 18 janvier 1889

 

Il déclame continuellement. D'une voix affectée. Sciemment. En faisant usage de mots grandiloquents !

En donnant dans le voussoiement apprêté !

L'entregens !

L'affèterie !

Le cul pincé !

La girie mélo et le compassement gourmé.

Dans l'excellence de la révérence !

En donnant dans le frotte manche. Dans l'éminence. Dans l'altesse Dans la hauterie et la lèche de loque à reloqueter.

En donnant dans le torchon empesé. Le faste alpenrosé et le plastron suranné.

En se magnant le popotin.

En chauffant la colle à larbins et en activant le protocole du tapis déroulé.

En donnant dans le milady et le béni-oui-oui de garden-party.

En faisant des guiliguilis et des entrechats à la Nietzschejinski.

                                                                                 (Vaslav !)

Et tac quand c'est un graf !

Et toc quand c'est un herzog !

En claquant de la botte devant le moindre titulaire d'un poste !

Et la carpette jusqu'à terre quand c'est un freiher, un ritter ou un canard edler.

Et mille autres manières. Palefrenières !

Et mille autre tics ! Diplomatiques, aristocratiques ou ecclésiastiques !

La brosse à reluire et le sir d'encaustique, sœur de la pâte à faire briller !

 

Toutefois, si, en retour, on lui donne de la Majesté

ou mieux : de la Sainteté !

Nietzsche sourit,

consent à cette petite entorse,

à condition, dit-il,

qu'on le compte pour Innotzschecent Quatorze !

 

Jean-Pierre Verherggen,  Ni Nietzsche, Peau d'Chien !, TXT/Limage 2, 1983, p. 30.