01/05/2018
Pour fêter le 1er Mai : Jean-Baptiste Clément, Liberté, Égalité, Fraternité (chanson)
tombe de J.-B. Clément au Père-Lachaise
Liberté Égalité Fraternité
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Lorsque nous sapons par ses bases
Votre édifice mal d’aplomb,
Vous nous répondez par du plomb
Ou vous nous alignez par des phrases.
En attendant, cher est le pain,
Longs la misère et le chômage…
Hier, en cherchant de l’ouvrage,
Hier, un homme est mort de faim !
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Vous pouvez couvrir les murailles
De ces mots vides et pompeux :
Ils ne sont pour les malheureux
Que synonymes de mitrailles.
Nous connaissons le prix du pain
Et vos doctrines libérales…
Hier, sur le carreau des Halles,
Une femme est morte de faim !
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Pour qui s’en va l’estomac vide,
Ayant chez lui femme et marmots,
On peut traduire ces trois mots :
Chômage, Misère, Suicide.
Les mots ne donnent pas de pain,
Car nous voyons dans la grand’ville
De vieux travailleurs sans asile
Et des enfants mourir de faim.
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Ces mots sont gravés dans la pierre
Sur le fronton des hôpitaux,
De la Morgue et des arsenaux
Et sur les murs du cimetière.
Avec le temps, il est certain
Que la bourgeoisie en délire
Finira bien par les inscrire
Sur le ventre des morts de faim.
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Hommes libres nous voulons être,
Mais il nous faut l’Égalité.
Nous voulons la Fraternité
Mais il ne faut « Ni Dieu ni Maître ».
Moins de phrases et plus de pain,
Et, surtout, moins de politique,
Car nous disons qu’en République
On ne doit pas mourir de faim.
Liberté,
Égalité,
Fraternité.
Paris-Montmartre, 1884.
Jean-Baptiste Clément, Chansons, C. Marpon
et E. Flammarion, 5ème édition, 1887.
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24/10/2011
Jean-Baptiste Clément, Chansons du peuple
Le temps des Cerises
Quand nous en serons au temps des cerises ,
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur.
Quand nous en serons au temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur.
Mais il est bien court le temps des cerises,
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreilles,
Cerises d’amour aux robes pareilles,
Tombant sur la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises,
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant.
Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Évitez les belles.
Moi qui ne craint pas les peines cruelles,
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour.
Quand vous en serez au temps des cerises,
Vous aurez aussi des chagrins d’amour.
J’aimerai toujours le temps des cerises :
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte,
Et dame fortune, en m’étant offerte,
Ne saurait jamais calmer ma douleur.
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur.
Paris-Montmartre, 1866
Jean-Baptiste Clément, Chansons du peuple, Le Temps des Cerises, 2011, p. 59-60.
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