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26/07/2011

Henri Kréa, La Révolution et la poésie sont une seule et même chose

           Morale de l’histoire   

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L’heure brisée par le gel de la patience

Une attente mortelle

Les larmes prises par la fatigue

Trop voir ceux que je hais

 Pour ma peine victorieuse

Avec toujours au bout la lassitude

Le poing serré

Comme un parjure somnambule

Qui s’égare aux bouches des métros

Je calcule un mal qui se fait centenaire

À quoi rime la vie

Conçue à partir du malheur

À quoi rime ce présent

Où l’assassinat est de règle

 

J’avoue ma honte d’être vivant

J’oublie ceux qui m’aiment

Ceux qui ne m’aiment plus

Je reste sur l’espace qui nous est coutumier

Je peste contre l’histoire

Et je demeure contemporain

Des caprices des saisons

Des mœurs des intrigues

 

J’avoue je suis perméable

À tout ce qui tressaille sur ce globe

Et parfois je songe

Qu’il faudrait changer de vie

Changer de mort

Rester de marbre face aux événements

Oui tout ça existe c’est horrible

 

Mais mon peuple est solide comme un immense plan d’eau

Il me montre le droit chemin

Je lui sais gré de sa bonté

Je le regarde comme un être infini

Qui me tient lieu de père

Moi qui fus orphelin avant que de naître

Dans ma cité infirme

 

Je sais l’aube est lucide

 

Mortelle impatience

 

Le peu de prix D’un seul sourire

 

La même fin

Le même recommencement

La même angoisse

De te perdre à jamais

 

Toi

 

Insaisissable trop belle

Qu’une lèvre remémore

 

Henri Kréa, La Révolution et la poésie sont une seule et même chose, Pierre Jean Oswald, 1957, non paginé.