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13/06/2024

René-Guy Cadou, Hélène ou le Règne végétal

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Le réalisme se complaît dans un romantisme quotidien et ne procède que par bilans.

 

Sans vouloir faire fi des récentes conquêtes surréalistes, qu’il me soit permis d’écrire que cette poésie ne redeviendra audible qu’en revenant à une simplicité, une pureté, une identité somme toute élémentaires.

 

Ne pas faire dire aux mots plus qu’ils ne peuvent.

 

Il y a toujours divorce entre la poésie du moment et le public du moment.

 

René-Guy Cadou, Hélène ou le Règne végétal, suivi de Usage inerne, Poésie/Gallimard, 2024, p. 233, 235, 236, 241

15/05/2024

René-Guy Cadou, Hélène ou le règne végétal

 

rené-guy cadou, hélène ou le règne végétal, vivre

Écrire mais vivre

 

Est-ce que je sais seulement que j’écris ? mais je vais

Au bout de ma vie comme d’une route mal percée

Toujours au bout crevant l'opaque pour mieux voir

Quoi ? Le dernier wagon du train du soir

Une fleur sur le bord du talus un enfant

Maigre qui recherche ses parents

Sans indice sans rien et qui croit au miracle

D’une maison rose avec des portraits de Jeanne d’Arc

Ah je suis bien toujours le même malgré l’âge

Et l’on peut soupeser à deux mains mon visage

Et l’on peut ausculter

La cloison de mon cœur et son vieux papier peint

Rien ne répond à rien

Et je peux bien partir

Pour l’éternité avec mon vieux sac de cuir

Comme en trimballent les bons curés et les saints

Les soirs de gel quand ils changent de patelin

Rien ne subsistera de moi dans votre Histoire

Pas même un invendu dans un kiosque de gare

Mais mon amour et moi nous avons notre histoire.

 

René-Guy-Cadou, Hélène ou le règne végétal,  

Poésie / Gallimard, 2024, p. 102.

14/05/2024

René-Guy Cadou, Hélène ou le règne végétal

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Art poétique

 

Quand ce sera la nuit

Et toi tout seul dans une limousine

Quelque part sur une route de forêt

Quand ce sera nuit noire

O mon poète aie garde d’allumer tes phares

Appuie de toutes tes forces sur le champignon de la beauté

Sans rien savoir

Et sans souci du flot battant ton pare-brise

Enfonce-toi comme un noyé dans la nuit rageuse qui grise

 

Tu as perdu la direction

Le nord l’étoile les feux de position

Et tu sens soudain un grand choc

Tu es couché tout près de toi dans la verdure

Tu es comme mille petits trous de serrure

Qui regardent dans ta tête éclatée

Les éléments épars de la beauté

 

Et qui viendrait te chercher là

Quand tu disposes de toi-même

Secrètement pour un destin

Qui ne peut plus te laisser seul

N’appelle pas

Mais entends ce cortège innombrable de pas.

 

René-Guy Cadou, Hélène ou le règne végétal, Poésie/

Gallimard, 2024, p. 91.