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30/09/2023

Antoinette Deshoulières, De rose alors ne reste que l'épine

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   Épître chagrine à Mademoiselle*** 

                                        

Quel espoir vous séduit ? quelle gloire vous tente ?

         Quel caprice ! A quoi pensez-vous ?

         Vous voulez devenir savante ?

Hélas ! du bel esprit savez-vous les dégoûts ?

Ce nom jadis si beau, si révéré de tous,

         N’a plus rien, aimable Amarante,  

         Ni d'honorable, ni de doux.      

(…)

Pourrez-vous toujours voir votre Cabinet plein

         Et de pédants et de poètes

Qui vous fatigueront avec un front serein

         Des sottises qu’ils auront faites ?

 

Pourrez-vous supporter qu’un Fat de qualité

Qui sait à peine lire, et qu’un caprice guide,

         De tous vos ouvrages décide ?

 

Un esprit de malignité

Dans le monde a su se répandre.

On achète un bon livre afin de s’en moquer,

C’est de plus longs travaux le fruit qu’il faut attendre :

         Personne ne lit pour apprendre ;

         On ne lit que pour critiquer.

(…)

Antoinette Deshoulières, De rose alors ne reste que l’épine,

édition Sophie Tonolo, Poésie/Gallimard, 2023, p. 39.

04/03/2016

Vauvenargues (1715-1747), Réflexions et maximes

La pauvreté humilie les hommes, jusqu’à les faire rougir de leurs vertus.

 

Les enfants cassent les vitres et brisent des chaises, lorsqu’ils sont hors de la présence de leurs maîtres ; les soldats mettent le feu à un camp qu’ils quittent, malgré les défenses du général ; ils aiment à fouler aux pieds l’espérance de la moisson, et à démolir de superbes édifices. Qui les pousse à laisser partout de longues traces de leur barbarie ? Est-ce seulement le plaisir de détruire ? ou n’est-ce pas plutôt que les âmes faibles attachent à la destruction une idée d’audace et de puissance ?

 

L’écueil ordinaire des talents médiocres est l’imitation des gens riches ; personne n’est si fat qu’un bel esprit qui veut être un homme du monde.

 

Peu de malheurs sont sans ressource ; le désespoir est plus trompeur que l’espérance.

 

Il n’y a pas d’écrivain si ridicule que quelqu’un n’ai traité d’excellent.

 

Vauvenargues, Réflexions et maximes, dans Introduction à la connaissance de l’esprit humain, Garnier Flammarion, 1981, p. 312, 313, 320, 321, 323.