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18/09/2023

Robert Desnos, L'aumonyme

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                     Autant pour les crosses

 

Autant pour les crosses, évêques caducs qui baptisez les Êves aux aqueducs.

Autant pour les crosses, gens qui associez à l’amour votre sorte.

Flexible, Flexible, ma chère Flexible,

Est-ce ma chair, ma chère, sont-ce des crosses que vous cherchez ?

         Autant pour

         Autant dire.

                  Ici c’est Charles Cros.

                  Jamais plus pour Charles Cros.

 

Robert Desnos, L'aumonyme, dans Domaine public, Gallimard, 1953, p. 67.

07/04/2012

Charles Cros, Le Collier de griffes

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                  Hiéroglyphe

 

 

J'ai trois fenêtres à ma chambre

   L'amour, la mer, la mort,

Sang vif, vert calme, violet.

 

Ô femme, doux et lourd trésor !

 

Froids vitraux, cloches, odeurs d'ambre.

   La mer, la mort, l'amour,

Ne sentir que ce qui me plaît...

 

Femme, plus claire que le jour !

 

Par un soir doré de septembre,

   La mort, l'amour, la mer,

Me noyer dans l'oubli complet.

 

Femme ! femme ! cercueil de chair !

 

                     *

 

                           Sonnet

 

J'ai peur de la femme qui dort

Sur le canapé, sous la lampe.

On dirait un serpent qui mord,

Un serpent bien luisant qui rampe.

 

Je ne suis pas un homme fort,

Mais ce soir le sang bat ma tempe.

L'amour va bien avec la mort;

Mon poignard, essayons ta trempe.

 

Arrêtons son rêve menteur.

Nulle langueur, nulle senteur,

Acier, n'empêchera ton œuvre.

 

Ô lâcheté ! le lendemain

J'aspirais l'odeur de jasmin

De ma triomphante couleuvre !

 

Charles Cros, Le Collier de griffes, dans Ch. C., Tristan Corbière, Œuvres complètes, édition établie par Louis Forestier et Pierre-Olivier Walter (pour Charles Cros), Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1970, p. 179 et 204.

02/08/2011

Charles Cros, Banalité

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              Banalité

 

L’océan d’argent couvre tout

Avec sa marée incrustante.

Nous avons rêvé jusqu’au bout

Le legs d’un oncle ou d’une tante.

 

Rien ne vient. Notre cerveau bout

Dans l’idéal, feu qui nous tente,

Et nous mourons. Restent debout

Ceux qui font le cours de la rente.

 

Étouffé sous les lourds métaux

Qui brûlèrent toute espérance,

Mon cœur fait un bruit de marteaux.

 

L’or, l’argent, rois d’indifférence

Fondus, puis froids, ont recouvert

Les muguets et le gazon vert.

 

Charles Cros, Douleurs et colères, dans Charles Cros, Tristan Corbière, Œuvres complètes, édition établie par Louis Forestier et Pierre-Olivier Walzer, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1970, p. 198.