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22/09/2011

Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux

Fernando Pessoa, le gardeur de troupeaux, Alberto Caeiro, Armand Guibert

Je suis un gardeur de troupeaux.

Le troupeau ce sont mes pensées

Et mes pensées sont toutes des sensations.

Je pense avec les yeux et les oreilles

Et avec les mains et avec les pieds

Et avec le nez et avec la bouche.

 

Penser une fleur c’est la voir et la respirer

Et manger un fruit c’est en savoir le sens.

 

C’est pourquoi lorsque par un jour de chaleur

Je me sens triste d’en jouir à ce point,

Et couche de tout mon long dans l’herbe,

Et ferme mes yeux brûlants,

Je sens tout mon corps couché dans la réalité,

Je sais la vérité et je suis heureux.

 

Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d’Alberto Caeiro, traduit du portugais par Armand Guibert, Gallimard, 1960, p. 55-56.