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15/02/2023

Jude Stéfan, À la Vieille Parque

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                                                        à h.m. †

 

           dans la nuit, la nuit (qui) remue

les souvenirs les brasse en rêves réveils

                      les meubles bâillent

                      déjà ils veillent

massifs, profonds miroirs, avec leurs bras

                      attendant le gisant

cerné de portraits dans l’ombre qui fixent

                      ses pieds cirés

qui crient au silence et au meurtre

dans les cloisons dégringolent les rats

un Espoir au passé une morne Consolation

                      deux bougies vacillent

au-dessus des tapis sanctifiant les pas

                      perdu le temps du cœur

                      qu’il repose en chose

les chaises vaquent le livre a oublié

Celui qu’il fallait lire en maître zen

 

Jude Stéfan, À la Vieille Parque, Gallimard,

                               1989, p. 30.

                               Photo T. H., 1991

18/11/2020

Jude Stéfan, À la Vieille Parque

                                                  Jude Stéfan, 01/07/1920-11/11/2020

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                  à tous morts en 1984

 

aux chiens du soir répondent les étrons matinaux

       quand l’haleine se dit des vents

       la bête est sur ses fins

       immobile aux coups

       un débris des halles

apaisé comme un qui urine entre cerise et rose

sous l’horreur nue de la troisième heure

enlisé George dans tes idylles bergères

les moutons n’ont pas froid à brouter blanc

et chaque année donne leur mort aux noms

       Foucault Michaux Cortazar ou Magne

                     le lexovien

       ordure du cœur ordure de l’être

mes doigts crispés aux robes-cuisses mères

 

Jude Stéfan, À la Vieille Parque, ‘’Le Chemin’’/ Gallimard,

1989, p. 32.

© Photo Tristan Hordé

30/08/2011

Jude Stéfan, À la Vieille Parque

jude stéfan,À la vieille parque,la lise

                                                     la lise

 

… et puis l’automne va vous pincer le cœur

l’hiver transir blême désespoir après plein

été des luxures vite enfui le printemps en

blancs regrets fleuri à savourer ta balèvre

       ,mon amour — ma haine,

après la rixe se fait plus douce la rage

sur nos deux visages qui chaque jour fuient

       peu à peu tombant dans la lise

       sombrant peu à peu dans la lise

sous la scie des hivers les abois de chiens

crevants dans la désolation d’un grenier où

passent en bas les bicyclettes par vos yeux

la guerre approche les arbres gisent plus que

       démembrés décimés

et tous ces corps malheureux qui sont seuls

en chiant dès le matin sur les chemins de dieu

 

Jude Stéfan, À la Vieille Parque, Gallimard, 1989, p. 37.

 

©Photo Chantal Tanet, juillet 2010