14/06/2016
Emil Cioran, Syllogismes de l'amertume
Le public se précipite sur les auteurs dits « humains » ; il sait qu’il n’a rien à en craindre : arrêtés, comme lui, à mi-chemin, ils lui proposeront un arrangement avec l’Impossible, une vision cohérente du Chaos.
Point de salut, sinon dans l’imitation du silence. Mais notre loquacité est prénatale. Race de phraseurs, de spermatozoïdes verbeux, nous sommes chimiquement liés au Mot.
Il est incroyable que la perspective d’avoir un biographe n’ait fait renoncer personne à avoir une vie.
Presque toutes les œuvres sont faites avec des éclairs d’imitation, avec des frissons appris et des extases pillées.
Cette espèce de malaise lorsqu’on essaie d’imaginer la vie quotidienne des grands esprits… Vers deux heures de l’après-midi, que pouvait bien faire Socrate ?
Emil Cioran, Syllogismes de l’amertume, Idées/Gallimard, 1976, p. 19, 21, 23, 25, 30.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES, MARGINALIA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cioran, syllogismes de l’amertume, chaos, impossible, silence, malaise | Facebook |