04/03/2025
Jacques Lèbre, Sonnets de la tristesse
3
Quelle tristesse… Tous ces vieillards assis
sur des fauteuils ou des fauteuils roulants, immobiles,
en rangs d’oignons ou en cercle dans la salle commune,
menton qui tombe sur la poitrine et qui semblent
ne plus rien attendre — sinon la mort.
Et quand vous passez, quelques têtes, mais pas toutes,
se relèvent, se tournent lentement, à mesure,
vous suivent des yeux — telles des vaches dans un pré.
Une fin de vie peut durer très longtemps,
et si l’on a toujours la conscience du temps…
Quelle tristesse … Tous ces regards éteints,
ce silence des vies qui viennent ici finir
et dont on ne soupçonne même pas ce qu’elles furent
ailleurs en leurs lieux et en leur temps.
Jacques Lèbre, Sonnets de la tristesse, Le Temps qu’il fait,
2025, p. 27.
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