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19/11/2024

André Breton, Poisson soluble

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Il y avait une fois un dindon sur une digue Ce dindon n’avait plus que quelques jours à s’allumer au grand soleil et il se regardait avec mystère dans une glace de Venise disposée à cet effet sur la digue. C’est ici qu’intervient la main de l’homme, cette fleur des champs dont vous n’êtes pas sans avoir entendu parler. Le dindon, qui répondait au nom de Troisétoiles, en manière de plaisanterie, ne savait plus où donner de la tête. Chacun sait que la tête du dindon est un prisme à sept ou huit   faces tout comme le chapeau haut de forme est une prisme à sept ou huit reflets.

 

Le chapeau haut de forme se balançait sur la digue à la façon d’une moule énorme qui chante sur un rocher. La digue n’avait aucune raison d’être depuis que la mer s’était retirée, avec force ce matin-là. Le port était, d’ailleurs, éclairé tout entier par une lampe à arc de la grandeur d’un enfant qui va à l’école.

[…]

André Breton, Poisson soluble, dans A. B., Manifestes du Surréalisme, Gallimard, Pléiade, 2024, p. 81.

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