25/01/2023
Étienne Jodelle, Comme un qui s’est perdu dans la forêt profonde, Sonnets
Sonnet sur les beautés d’une autre
Son poil tout hérissé et bien long le visage,
Les deux yeux écaillés et un nez tout puant
La bouche bien fendue, par où va dégoutant
Une certaine humeur sentant le vieux fromage ;
Velue par le corps comme un monstre sauvage.
Le tétin avalé, graissé d’huile et d’onguent
L’aisselle du venin va toujours coulant ;
L’estomac enfoncé, le ventre plat et large ;
En descendant plus bas, un trou sanglant on voit,
De peaux moites autour, un landi qui paroit
De chancre revêtu, de farcins plein les bords ;
Les cuisses de Gigot et les jambes tremblantes
Pleines d’ulcères, loups, de mulets et de fentes :
Au reste elle se dit belle par tout le corps.
Étienne Jodelle, Comme un qui s’est perdu dans la forêt
profonde, Sonnets, édition Agnès Rees, Préface Florence Delay,
Poésie/Gallimard, 2023, p.97
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