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02/11/2022

jean Pérol, Libre livre

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Entre ce clocher sur la ville et ma main sur la page, le soir des hommes se glisse. Pourpre et calme. A l’intérieur de ce vide où le silence se tisse, rendre l’âme s’apprend. Chaque soir un peu plus, lorsque s’épuise, avec le jour, le goût de vaincre et de poursuivre. C’est ainsi lentement que les épaules plient, que les mots sèchent, que les lèvres se serrent.

 

Alors, au fond de soi, faut-il l’entendre ou le nier ce quelque chose qui supplie ? Hein mes petits maudits, comme il est dur d’arriver à minuit ! Du matin au soir, aucun signe, une fois de plus, pas la plus petite sonnerie. Où tu es, où tu es, devine d’où je t’appelle ? Rien. Le soir et l’indifférence vont finir de s’épaissir avant que cet infini labyrinthe de cloisons qui, au fond d’un autre déjà insinuait sa peur.

 

Nul n’appelle, nul n’écoute, et dans l’air et les livres, les feuilles mortes des illusions, elles aussi se ramassent à la pelle. Encre invisible sur le papier blanc des songes, au fur et à mesure que l’écriture s’avance, ne serait-elle aussittôt derrière elle-même qu’en train de disparaître ? Clocher gris, dure vanités, silence où le soir encore tout à coup plonge, sous lequel à vif tout élan se ronge.

 

                                                              Tout élan se ronge

 

Jean Pérol, Libre livre, Gallimard, 2012, p. 128.

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