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29/10/2021

Boris Pasternak,

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            La ville

 

Chanson du coq, de la tempête,

Dans la cuisine... Cet hiver

On en a par-dessus la tête,

C’est un navet par torp amer.

 

Et les congères nous isolent,

La mortt,le songe... Il neige tant,

Que ce n’est pas un temps, parole,

Mais le trépas, la fin des temps.

 

La glace colle aux marches lisses,

Le puits est pris dans ses anneaux.

Par un tel froid, c’est pur délice,

De vivre à la ville et au chaud !

 

Tandis que, de toute évidence,

L’hiver est invivable aux champs,

La ville est toute indifférence

Aux incommodités du temps.

 

De ses palais en kyrielles,

Le froid a fui, et pour toujours.

Ce n’est qu’une ombre immatérielle

Dont les esprits font leur séjour.

 

La nuit, sur la voie de garage,

Toutes les bûches sont d’accord :

Ce n’est rien d’autre qu’un mirage

Brûlant au loin comme une aurore.

 

Adolescent je me rappelle

Que son orgueil m’avait charmé.

Tout le passé n’était pour elle

Qu’ébauche tout juste entamée.

 

Hâtant des astres le désastre,

Versent son or à pleines mains,

Elle éclipsa jusqu’au ciel vaste

Dans tous mes rêves de gamin.

 

Boris Pasternak, Les Trains du petit jour,

traduction collective, dans Œuvres, Pléiade/

Gallimard, 1990, p. 166-167.

 

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