22/06/2019
André Breton, L'Amour fou
(…) Le désir, seul ressort du monde, le désir, seule rigueur que l’homme ait à connaître, où puis-je être mieux pour l’adorer qu’à l’intérieur du nuage ? Les formes que, de la terre, aux yeux de l’homme, prennent les nuages ne sont aucunement fortuites, elles sont augurales. Si toute une partie de la psychologie moderne tend à mettre ce fait en évidence, je m’assure que Baudelaire l’a pressenti dans une strophe du Voyage où le dernier vers, tout en les chargeant de sens, fait écho d’une manière si troublante aux trois premiers :
Les plus riches cités, les plus grands paysages
Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux
De ceux que le hasard fait avec les nuages
Et toujours le désir nous rendait soucieux !
Me voici dans le nuage, me voici dans la pièce intensément opaque où j’ai longtemps rêvé de pénétrer.
André Breton, L’Amour fou, Gallimard, 1937, p. 101-102.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré breton, l’amour fou, nuage, désir, baudelaire | Facebook |
Les commentaires sont fermés.