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03/04/2018

Jules Supervielle, La Belle au Bois dormant

 

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La Belle au Bois dormant

 

Amphidontes, carinaires, coquillages

Vous qui ne parlez qu’à l’oreille,

Révélez-moi la jeune fille

Qui se réveillera dans mille ans,

Que je colore la naissance

De ses lèvres et de ses yeux,

Que je lui dévoile le son

De sa jeunesse et de sa voix,

Que je lui apprenne son nom,

Que je la coiffe, la recoiffe

Selon mes mains et leur plaisir

Et qu’enfin je la mesure avec mon âme flexible !

Je la reconnais, jouissant de sa claire inexistence

Dans le secret d’elle-même comme font les joies à venir,

Composant son sourire,

En essayant plusieurs,

Disposant ses étamines

Sous un feuillage futur,

Où mille oiseaux, où mille plumes

Essaient déjà de se tenir,

Allumant des feux d’herbages,

Charmant l’eau loin de ses rives

Et jouant sur les montagnes

À les faire évanouir.

 

Jules Supervielle, Gravitations, Poésie / Gallimard,

1966, p. 122-123.

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