20/08/2017
André Frénaud, HÆRES, poèmes 1968-1981
La femme qui pleure de Picasso (1939)
La femme avait si violemment vu le sang
qu’elle en demeure sans larmes,
et ses yeux se trouvèrent tout à coup
dessaisis,
et les seins et le nez et les mains prirent tous
une difformité calamiteuse,
et — si l’on se souvient de ce jour-là —
c’est chacun de nous, qui portions au cœur l’Espagne du peuple,
dont les yeux interdits se désaccordèrent,
morceaux déviés, agrandis,
devant un monde que l’on ne pourrait désormais
fixer.
juin 1981
André Frénaud, HÆRES, poèmes 1968-1981, Gallimard, 1982, p. 240.
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