12/04/2016
Peter Altenberg (1859-1919), Esquisses viennoises
Comme vont les choses
Elle était une toute petite comédienne du théâtre d’été, elle avait des yeux célestes, elle avait faim.
« J’aimerais vous jouer une fois Jane Eyre », dit-elle à un jeune écrivain.
« Venez me voir ! », dit-il.
« Oh ! vous me le permettez ? ! »
Elle joua devant lui.
Il la félicita, fit en sorte qu’elle se sentit heureuse.
Puis il l’embrassa, la serra contre lui — — —.
« Dieu me garde ! », dit-elle, s’abandonnant au destin.
Elle garda ses yeux célestes, sa faim, et déclamait Jane Eyre, son grand rôle — — —.
Peter Altenberg, Esquisses viennoises, traduction de l’allemand de Miguel Couffon, Pandora / Textes, 1982, p. 58.
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