20/01/2016
Germain Nouveau, Valentines
Amour
Je ne crains pas les coups du sort,
Je ne crains rien, ni les supplices,
Ni la dent du serpent qui mord,
Ni le poison dans les calices,
Ni les voleurs qui fuient le jour,
Ni les sbires ni leurs complices,
Si je suis avec mon Amour.
Je me ris du bras le plus fort,
Je me moque bien des malices,
De la haine en fleur qui se tord,
Plus caressante que les lices ;
Je pourrais faire mes délices
De la guerre au bruit du tambour,
De l’épée aux froids artifices,
Si je suis avec mon Amour.
Haine qui guette et chat qui dort
N’ont point pour moi de maléfices ;
Je regarde en face la mort,
Les malheurs, les maux, les sévices ;
Je braverais, étant sans vices,
Les rois, au milieu de leur cour,
Les chefs, au front de leurs milices,
Si je suis avec mon Amour.
Envoi
Blanche amie aux noirs cheveux lisses,
Nul dieu n’est assez puissant pour
Me dire : « Il faut que tu pâlisses »,
Si je suis avec mon Amour.
Germain Nouveau, Valentines, dans Lautréamont,
Germain Nouveau, Œuvres complètes, Pléiade /
Gallimard, 1970, p. 665.
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