15/06/2015
Sanda Voïca, Exils de mon exil
La conquête impossible
Sur ce bateau vaguant pour la première fois
Qu’on me mette dans son ventre bas,
d’où je guetterai le jour de l’an.
Ma vie est une fête.
Mais ceux que je ne connais pas
ont-ils les mêmes fêtes, le même calendrier ?
Leur année a-t-elle la même durée que la mienne ?
Comment conquérir et aimer un peuple
qui n’arrive pas au bout de l’année ?
Comment remplir le temps qui n’existe pas ?
De mon coin j’enverrai des signes :
La vie est une fête ; d’un jour, d’un an,
mais de ma longueur,
une étendue impossible pour les autres.
On n’est jamais conquérant
Mais on est toujours aimant
en avalant le temps.
Voilà ce que je vous dis,
mais ce que je ne peux pas vous dire
c’est d’où je vous parle :
C’est quoi cette boule mouvante, visqueuse,
mélange de lumière et matière,
qui me garde au chaud,
qui me pousse à écrire ?
Assise tantôt dedans, tantôt dessus.
Ne croyez surtout pas qu’avec ces détails
je vous ai tout dit.
Sanda Voïca, Exils de mon exil, Passages d’encre,
2015, p. 11.
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