10/07/2013
Peter Huchel, La neuvième heure
Par les routes
La troupe vagabonde
des feuilles glacées,
le jour l'a rabattue sur la fosse à feu
avec ses lacets.
Près du chariot
à l'abri de la bâche,
la bohémienne
à ses pieds,
emmitouflé, l'enfant endormi.
Elle sort de sa veste de mouton
un jeune chien qui tète,
en l'allaitant
elle nourrit dans la neige le vent affamé.
Sœur lointaine
de la déesse asiatique,
le croissant de silex,
tu l'as perdu
au bord des étangs infernaux.
Tu entends dans la nuit l'aboi
derrière les traces de roues, d'un campement l'autre.
Unterwegs
Die streifende Rotte
vereister Blätter
fällte der Tag
mit Drähten über der Feuergrube.
Neben dem Karren
im Schutz der Plache
die Zigeunerin,
zu ihren Füßen
eingewickelt das schlafende Kind.
Sie hebt aus dem Schafspelz
einen jungen Hund an die Brust,
ihn säugend,
säugt sie den hungrigen Wind im Schnee.
Ferne Tochter
der asiatischen Göttin,
die Feuersteinsichel
hast du verloren
am Rand der höllischen Teiche.
Du hörst das Gebell in der Nacht
das der Radspur folgt von Lager zu Lager.
Peter Huchel, La neuvième heure [Die neunte Stunde], traduit de l'allemand par Maryse Jacob et Arnaud Villani, Atelier La Feugraie, 2013, p. 63 et 62.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peter huchel, la neuvième heure, par les route, bohémienne, errance | Facebook |
Les commentaires sont fermés.