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19/04/2012

Jacques Bens, 41 Sonnets irrationnels

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                    Amoureux

 

Tu dis oui, tu dis non, tu dis n'importe quoi,

Et tu me ris au nez, et moi je reste coi

Comme un enfant de chœur qui, pris de court, bafouille,

 

Tant l'eau de tes regards trouble et glace mon sang.

 

Au pied des mots brûlants, ma pauvre voix se rouille,

Rengainant ses plus tendres traits en son carquois

De peur de faire naître un sourire narquois

Sur tes lèvres dorées que mon baiser ne mouille.

 

Mais l'eau de tes regards trouble et glace mon sang.

 

Je blâme le crétin morose et languissant

Que je suis devenu sans bien m'en rendre compte,

Le front glacé, langue blanche et l'œil absent.

Comment pourrais-tu voir, en moi, plus qu'un passant ?

C'est ce qu'en gémissant, le soir, je me raconte.

 

Jacques Bens, 41 sonnets irrationnels, Gallimard, 1965, p. 21.

 

 

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