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03/04/2012

Robert Desnos, Corps et biens, Les portes battantes

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 Chanson de chasse

 

La chasseresse sans chance

de son sein choie son sang sur ses chasselas

chasuble sur ce chaud si chaud sol

chat sauvage

chat chat sauvage qui vaut sage

Laissez sécher les chasses léchées

chasse ces chars sans chevaux et cette échine

sans châle

si sûre chasseresse

son sort qu'un chancre sigille

chose sans chagrin

chanson sans chair chanson chiche.

 

 

Rober Desnos, Corps et biens, dans Œuvres, éditions établie et présentée par Marie-Claire Dumas, Quarto Gallimard, 1999, p. 530.

 

 

                   Paris


Pas encore endormi,

J'entends vos pas dans la rue, hommes qui vous levez tôt,

Je distingue vos pas de ceux de l'homme attardé, aussi sûrement que

l'aube du crépuscule.

Sans cesse il est des hommes éveillés dans la ville.

À toute heure du jour des hommes qui s'éveillent,

Et d'autres qui s'endorment.

Il est, pendant le jour, d'invisibles étoiles dans le ciel.

Les routes de la terre où nous ne passerons jamais.

Le jour va paraître.

J'entends vos pas dans l'aube,

Courageux travailleurs matinaux.

 

Le soleil se pressent déjà derrière la brume.

Le fleuve coule plus nonchalamment.

Le trottoir sonne sec sous le pas.

Le son des horloges est plus clair.

Vienne l'indécis mois de mars et les langueurs du printemps

Tu te lèves, tu t'éclaires, tu éclates,

Figure de pavé et de cambouis,

Ville, ville où je vis,

Paris

 

Robert Desnos, Les Portes battantes, dans Œuvres, édition établie et présentée par Marie-Claire Dumas, Quarto Gallimard, 1999, p. 815.

 

 

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