06/11/2011
Paul Blackburn, Villes, suivi de Journaux
La proposition
Après qu'elle
s'est plainte des
hommes
pendant une bonne heure
à la mère de sa copine
elle
rendait visite à sa copine
et à la mère de sa copine
à la campagne, son
amie était sortie
chercher le chat
et elle
continuait la ré-
pétitive lamentation que
la mère de sa copine
écoutait patiemment
sans rien dire
jusqu'à ce que (pendant que)
sa fille était sor
tie (chercher
le chat)
et elle dit pour la
centième fois combien vraiment
les hommes étaient
de purs bâtards et est-ce qu'elle croyait
pas (la mère) qu'il
EXISTAIT
d'autres choses in-
téressantes, ou
qu'il était
temps d'essayer quelque chose
de nouveau, la mère
après un long silence
dit : « ça serait
pas vraiment nouveau
pour moi, mais je suis
prête quand tu le seras. »
La copine de
retour (avec le chat)
fut pas qu'un peu sur-
prise quand son amie in-
sista pour rentrer par le dernier bus (elle
devait ABSOLUMENT corriger un
texte). « J'espère que je l'ai
pas offensée, ou rien.»
La mère, après avoir
reconduit la copine au bus,
expliqua
à sa fille, sur
le chemin du retour la plus que
probable raison qui
avait fait fuir
vers la ville son amie
si brutalement
L'OBSCURITÉ EST SUR LE MONDE ET L'AMOUR
est parti ail-
leurs, mon esprit, ganté et épuisé
même le hall est obscur tandis
que je me gerbe sur le lit
Ce n'est pas que
je ne t'aime
pas, ma chérie, nous
sommes tous les deux ailleurs.
Paul Blackburn, Villes suivi de Journaux, traduit par Stéphane Bouquet, Série américaine, José Corti, 2011, p. 128-129, 136.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul blackburn, stéphane bouquet, villes, journaux | Facebook |
Les commentaires sont fermés.