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01/11/2013

Étienne Faure, Ciné plage

Étienne Faure, Ciné plage, week end à la mer, débris sur l'île, isolement

                        Ciné plage

 

À rouler vite un soir vers l'ouest

à la clameur de sang, la nuit ne parvint pas à tomber

comme on atteignait la jetée rouge encore,

puis réveillé au matin par la rade

sans même ouvrit l'œil on voyait le livre

entrebâillé des mouettes qui se profilent

au-dessus du poisson mort fraîchement débarqué,

tous les transports, cliquetis du port

on voyait cela, c'était le monde,

et plus tard après avoir réglé sa nuit,

ouï doléances — le climat des affaires —

on s'attachait, l'oreille à l'air libre,

aux vies qu'on entend sur la plage,

la tête renversée comme un sablier

à écouter dans un coquillage avec les souffrances

du vent engouffré, tout ce qui fuit, par bonheur les mots

qui s'écoulent, périssables

 

 

un w.e. à la mer

 

                               *

 

Poli, dépoli sauf en son cœur,

le tesson après plusieurs marées

e renvoie plus sur la plage aucun vif,

mat à l'extérieur mais lucide à travers

son état de fragment revenu, silice,

à même le sable à l'origine

de sa présence ici avant fusion,

s'expose au risque du ressac

et à s'amenuiser encore jusqu'au grain

     pour l'heure offrant l'humide éclat

sitôt sec terni

d'une bouteille à la mer jetée

après ébriété, vide,

hormis en son dedans les mots

qu'il fallut écrire en des temps d'extrême

isolement.

 débris sur l'île

 

Étienne Faure, "Ciné plage", dans Rehauts,

n° 31, avril 2013, p. 63 et 67.