14/02/2024
Laurent Fourcaut, Un morceau de ciel
Chute libre
Petite pluie molle et morne presque marron
L’air dans les rues du bled c’est pas gai la province
le seul bistro du coin il faudrait qu’on fût rond
pour lui trouver du charme éviter que ça grince
il s’en faut de très peu qu’on ne se sente prompt
à s’abolir dans le port — est-ce qu’on en pince
pour l’eau froide et le noir néant qui corrom
pent jusques aux os de fond en comble vous rincent ?
Les lumières du bar se reflètent dehors
s’incrustent sur la nuit en occultant le port
ainsi face au réel un cordon sanitaire
est tendu par l’humanité pusillani
me or le réel fair retour façon tsunami
voilà ce que c’est que d’avoir pas su se taire
Laurend Fourcaut, Un morceau de ciel, Tarabuste,
2024, p. 141.
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10/02/2024
Laurent Fourcaut, Un morceau de ciel
Le mort saisit le vif
La vie est impersonnelle elle va de vous
dans les choses le vent elle s’est imprimée
sur la gravure d’après Raphaël envou
tante est partie ailleurs jamais éliminée
lie le haut et le bas même aucun garde-fou
l’empêche d’investir la mort réanimée
Vous allez disparaître sans qu’un jet de fou
dre le signale au monde indifférent – grimée
en rituel social en décès votre mort
vous sera confisquée alors que vous vous dor
mirez enfin au sein de la pure nature
affranchi de la folie qui lance les vifs
dans la fuite en avant générale que bif
fe le divin trépas souveraine rature
Laurent Fourcaut, Un morceau de ciel,
Tarabuste, 2024, p. 36.
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