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05/12/2011

Roger Giroux, L'arbre le temps

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Que bâtirais-je avec ma langue ?

Quel palais fou de désespoir ?

Hanté d'absence immobiles ?

Quelle ville, vouée, dès jadis

Aux purs silences de l'oubli ?

 

Arbre, amour, solitude, poussière...

 

Et c'est comme si je n'existais pas

Dans cette immensité qui me sépare de moi-même

Dans l'intouchable de ce lieu

Frémissant, monstrueux...

 

 

NEUTRE : être nu.

Parole neutre, parole nue, parole non à dire, parole non dite. Et disant cette parole non dite, l'œil s'ouvre dans la vision non plus œil dit, vision dite, mais œil et vision confondus dans le non dit. (Et la parole non-dite doit être, et DONC est dite, sinon elle ne serait pas « non-dite »). Parole incorrigible, et qui ne revient pas deux fois sur ses traces, parole écrite sur une surface toujours blanche, combustible. (Parole qui brûle tout sur son passage, et soi-même ; qui se détruit en se proférant ; qui n'existe que pour n'être pas. Cette parole : un feu qui se dévore, et ne laisse dans la bouche qu'un goût de cendre ; qui ne laisse de la bouche que cendre).

 

Roger Giroux, L'arbre le temps, suivi de Lieu-je et de Lettre,

Mercure de France, 1979, p. 41 et 105.