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24/06/2022

Robert Desnos, Les Portes battantes

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Les sources de la nuit

 

Les sources de la nuit sont baignées de lumière

C’est un fleuve où constamment

boivent des chevaux et des juments de pierre

en hennissant.

 

Tant de siècles de dur labeur

aboutiront-ils enfin à la fatigue qui amollit les pierres ?

Tant de larmes, tant de sueur

justifieront-ils le sommeil sur la digue ?

 

Sur la digue où vient se briser

le fleuve qui va vers la nuit

où le rêve abolit la pensée.

C’est une étoile qui nous suit.

 

À rebrousse-poil, à rebrousse-chemin,

Étoile, suivez-nous, docile,

et venez manger dans notre main.

Maîtresse enfin de son destin

et de quatre éléments hostiles.

 

Robert Desnos, Les Portes battantes, dans 

Domaine public, 1953, le point du jour/Gallimard,

1953, p. 307.