10/09/2015
Ingeborg Bachmann, Toute personne qui tombe a des ailes
Le temps en sursis
Des jours plus durs viennent.
Le temps en suris révocable
devient visible à l’horizon.
Tu devras bientôt lacer ta chaussure
et renvoyer les chiens dans les fermes du littoral.
Car les entrailles des poissons
ont refroidi dans le vent.
La lumière des lupins brille chichement.
Ton regard trace dans le brouillard :
le temps en sursis révocable
devient visible à l’horizon.
Ta bien-aimée de l’autre côté s’enfonce dans le sable,
il monte autour de ses cheveux flottants,
il lui coupe la parole,
il lui enjoint de se taire,
il la trouve mortelle et disposée à l’adieu
après chaque étreinte.
Ne regarde pas en arrière.
Lace tes chaussures.
Renvoie les chiens.
Jette les poissons à la mer.
Éteins les lupins !
Des jours plus durs viennent.
Ingeborg Bachmann, Toute personne qui tombe
a des des ailes, 1943-1967, traduction Françoise `
Rétif, Poésie / Gallimard, 2015, p. 149.
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