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08/11/2015

Jerome Rothenberg, Journal Seneca

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                                                                   Serpent

 

Les goitres n’étaient pas fréquents dans le coin, mais sa fille en avait un. Il gonflait son cou et faisait saillir ses yeux comme ceux d’une grenouille. Un jour, il l’emmena là où il avait vu un serpent noir dans les bois. Assurément, il était là. Il dit à sa fille de ne pas bouger et il demanda au serpent de s’approcher — ce qu’il fit. Sans bouger aucunement, elle le laissa grimper le long de sa jambe et lui entourer la taille au point qu’elle avait du mal à respirer. Alors l’homme s’approcha et toucha la queue du serpent. Il ressentit son pouvoir dans sa main et il lui parla. Il lui dit que si lui, le serpent, voulait les aider, il le laisserait repartir. Après qu’il fut retombé de la taille de la fille, l’homme prit son couteau et fit une entaille circulaire à la base de la tête du serpent. Il décolla la peau, laissa tomber son couteau et tira sur la vieille peau pour la libérer. Ce soir-là, l’homme ordonna à sa fille de porter autour du cou la peau du serpent. Lorsqu’il fit sombre, elle le sentit se serrer comme pour lui broyer la gorge. Cependant, le goitre diminuait. Elle garda la peau sur elle pendant plusieurs semaine et finalement le goitre disparut. Elle ne se départit jamais de sa peur des serpents.

 

Jerome Rothenberg, Journal Seneca, traduit par Didier Pemerle, Corti, 2015, p. 65.

19/06/2012

Les techniciens du sacré, anthologie Jérôme Rothenberg

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                  Le dieu Dumuzi


Chant de la vulve d'Inana

 

je suis femme moi

qui dans cette maison

de lapis sacré

portant

dans mon sanctuaire dis ma

prière sacrée

moi qui suis femme moi

qui suis reine des cieux

que l'officiant

le psalmodie

que le chanteur le chante

& que mon nouvel époux

mon Dumuzi mon

taureau furieux me comble

que les mots tombent

de leurs bouches

ô chanteurs chantant

pour leur jeunesse

leur chanson qui s'élève

à Nippour offrande à faire

au fils de dieu

moi qui suis femme chante pour

le louer

l'officiant le psalmodie

moi qui suis Inana

lui donne le chant de ma vulve

ô étoile ma vulve de la Grande Ourse

vulve barque lancée des cieux

nouvelle lune beauté croissante vulve

désert mon labour vulve

chant des oies sauvages en jachère

où ma motte attend

d'être inondée par lui

colline ma

vulve béante

& la fille demande :

qui va la labourer ?

Vulve mouillée inondée

la mienne moi la reine

menant jusqu'ici ce bœuf

« femme il labourera pour toi

notre roi Dumuzi labourera pour toi

ô laboure ma vulve ô mon cœur

mes cuisses sacrées en sont

trempée ô mère sacrée »

 [Sumer]


Les techniciens du sacré, anthologie de Jérôme Rothenberg, version française établie par Yves di Manno,  José Corti, 2007, p. 354-355.