19/11/2021
Aragon, Persécuté persécuteur
Front rouge
Une douceur pour mon chien
Un doigt de champagne Bien Madame
Nous sommes chez Maxim’s l’an mil
neuf cent trente
On met des tapis sous les bouteilles
pour que leur cul d’aristocrate
ne se heurte pas aux difficultés de la vie
des tapis pour cacher la terre
des tapis pour éteindre
le bruit de la semelle des chaussures des garçons
Les boissons se prennent avec des pailles
Délicatesse
Il y a les fume-cigarette entre la cigarette et l’homme
des silencieux aux voitures
des escaliers de service pour ceux
qui portent les paquets
et du papier de soie autour des paquets
et du papier autour du papier de soie
du papier tant qu’on veut Cela ne coûte
rien le papier ni le papier de soie ni les pailles
ni le champagne ou si peu
ni le cendrier réclame ni le buvard
réclame ni le calendrier
réclame ni les lumières
réclame ni les images sur les murs
réclame ni les fourrures sur Madame
réclame réclame les cure-dents
réclame l’éventail et réclame le vent
rien ne coûte rien et pour rien
des serviteurs vivants tendent dans la rue des prospectus
(...)
Aragon, Persécuté persécuteur, dans Œuvres poétiques complètes, I, Pléiade/Gallimard, 2017, p. 493-494.
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