15/06/2016
Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né
Il fut un temps où le temps n’était pas encore… Le refus de la naissance n’est rien d’autre que la nostalgie de ce temps d’avant le temps.
L’appesantissement sur la naissance n’est rien d’autre que le goût de l’insoluble poussé jusqu’à l’insanité.
Dans les longues nuits des cavernes, des Hamlet en quantité devaient monologuer sans cesse, car il est permis de supposer que l’apogée du tourment métaphysique se situe bien avant cette fadeur universelle, consécutive à l’avènement de la Philosophie.
Se lever, faire sa toilette et puis attendre quelque variété imprévue de cafard ou d’effroi.
Je donnerais l’univers entier et tout Shakespeare, pour un brin d’ataraxie.
On ne devrait écrire des livres que pour y dire des choses qu’on n’oserait confier à personne.
Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né, Idées/Gallimard, 1973, p. 25, 26, 29, 30, 37.
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