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15/07/2012

Paul Éluard, Dignes de vivre

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Du dehors

 

La nuit le froid la solitude

On m'enferma soigneusement

Mais les branches cherchaient leur voie dans la prison

 

Autour de moi l'herbe trouva me ciel

On verrouilla le ciel

Ma prison s'écroula

Le froid vivant le froid brûlant m'eut bien en main.

 

 

Du dedans

 

Premier commandement du vent

La pluie enveloppe le jour

Premier signal d'avoir à tendre

La voile claire de nos yeux

 

Au front d'une seule maison

Au flanc de la muraille tendre

Au sein d'une serre endormie

Nous fixons un feu velouté

 

Dehors la terre se dégrade

Dehors la tanière des morts

S'écroule et glisse dans la boue

 

Une rose écorchée bleuit.

 

Paul Éluard, Dignes de vivre, avec vingt bois originaux

de Théo Kerg, chez les éditeurs des Portes de France,

1947, p. 52-55.