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16/06/2014

Véronique Pittolo, Toute résurrection commence par les pieds

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                              L'art catastrophique

 

Il y a des jours artistiques et des jours non artistiques.

 

Les jours ordinaires tu ne peux qu'observer le réel, sans plus,

ton cœur n'est pas soulevé. Quand tout va bien l'art est un surplus, une excroissance, une évasion futile. Les réflexions sur

le féminisme, on s'en fiche. Dans de tels moments, à quoi sert la

perruque de Marie-Madeleine ?

L'art ne répond plus à la question :

                                                          Qu'est-ce que l'art ?

 

Dans les situations de guerre, explosions, attentats, il sert à

peine à disposer des fleurs dans un vase, n'emballe plus, n'est

plus cosmétique.

 

Imaginez qu'un pot de fleurs vous tombe sur la tête, c'est un

désordre intéressant pour les yeux, le regard artistique aime ces anecdotes.

Depuis le 11 septembre, la guerre est devenue un enjeu majeur

libérant un grand nombre de pulsions. Les artistes veulent

reproduire la catastrophe, photographier les victimes, assembler

les horreurs avec du scotch.

Ils disent que c'est un monde nouveau, qu'il faut s'y habituer.

D'autres persistent à peindre avec une consistance de yaourt

des hommes à têtes de lapins, des barbies exagérées.

 

Véronique Pittolo, Toute résurrection commence par les pieds, éditions de l'Attente, 2012, p. 115.