01/06/2022
Étienne Faure, Vol en V
Le lent croquis du jeune homme mort
ne rend pas les couleurs exactes,
n’ayant retenu la vie, la parole, ni le souffle,
lui, nature morte à présent sur le mur
d’une pension, gravure ancienne,
par mimétisme aura pris la pâleur du lit,
la bouche un peu sépia comme on expire,
surpris à son tour de l’approcher si vite,
la mort à Córdoba lorsqu’on s’allonge,
croyant l’attendre longtemps, fenêtre ouverte,
et que le vent rapporte avec le gong
on ne sait d’où, quelle époque,
un souvenir tombal :
Or, dans un lit d’Espagne, acquitté,
j’étais seul, les yeux rivés au mur,
aucune trace dans le sang, coupé de tout
lien, alcool, à débattre cet aquilon
qui gonfle sous ses fleurs le linceul de la
chambre et cambre le volet vide
au cœur.
dans un tableau d’Espagne
Étienne Faure, Vol en V, Gallimard, 2022, p. 73.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES, Faure Étienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : étienne faure', vol en v, tableau, souvenir | Facebook |