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01/06/2022

Étienne Faure, Vol en V

          E Faure fevrier 2020.jpeg

Le lent croquis du jeune homme mort

ne rend pas les couleurs exactes,

n’ayant retenu la vie, la parole, ni le souffle,

lui, nature morte à présent sur le mur

d’une pension, gravure ancienne,

par mimétisme aura pris la pâleur du lit,

la bouche un peu sépia comme on expire,

surpris à son tour de l’approcher si vite,

la mort à Córdoba lorsqu’on s’allonge,

croyant l’attendre longtemps, fenêtre ouverte,

et que le vent rapporte avec le gong

on ne sait d’où, quelle époque,

un souvenir tombal :

Or, dans un lit d’Espagne, acquitté,

j’étais seul, les yeux rivés au mur,

aucune trace dans le sang, coupé de tout

lien, alcool, à débattre cet aquilon

qui gonfle sous ses fleurs le linceul de la

chambre et cambre le volet vide

au cœur.

 

dans un tableau d’Espagne

 

Étienne Faure, Vol en V, Gallimard, 2022, p. 73.