27/06/2024
Polina Barskova, Chaque ville ne sera plus jamais la mienne
p.p.s.
Dans un vase, un pot pétri
par moi vaille que vaille
pourrai-je glisser des entrailles
et ayant ôté les vers
de ma si belle terre
de ma malheureuse patrie
de ma terrible patrie ?
Tout ce qui chantait
tout ce qui se pâmait
le glisser dans un corps de glaise
pour que ça roule et couve à l’aise –
pour que d’argile il se nourrisse
sans que mes doigts s’immiscent.
À moi tel un gras eunuque le flamber
au-dessus de la poupée tendre et brisée
de hurler ainsi qu’un pieu céleste
mais sans un mot un son un geste
en songe errer le long de la Fontanka,
avec la klanovka et sa plaie souillée
griffer le granit venu d’ailleurs
— griffer aux tombes des rêves ailés —
Comme un secret dont rien n’affleure,
comme Bachmatchkine la nuit vient veiller
sur un pont vétuste et fragile…
Sans qui vive
Sans qui vive
Sans qui vivre
Vivre
Polina Barskova, Chaque ville ne sera plus jamais la mienne,
traduction du russe Henri Abril, dans La Revue de belles-lettres,
2024-I, p. 113.
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