22/01/2023
Étienne Jodelle, Comme un qui s’est perdu dans la forêt profonde, Sonnets
Sonnet XLII
Je me trouve et me perds, je m’assure et m’effroie,
En ma mort je revis, je vois sans penser voir,
Car tu as d’éclairer et d’obscurcir pouvoir,
Mais tout orage noir de rouge éclair flamboie.
Mon front qui cache et montre tristesse, joie,
Le silence parlant, l’ignorance au savoir,
Témoigne mon hautain et humble devoir,
Tel est tout cœur, qu’espoir et désespoir guerroie.
Fier en ma honte et plein de frisson chaleureux,
Blâmant, louant, fuyant, cherchant, l’art amoureux,
Demi-brut, demi-dieu je suis devant ta face,
Quand d’un œil favorable et rigoureux, je croi,
Au retour tu me vois, moi las ! qui ne suis moi
Ô clairvoyant aveugle, ô amour, flamme et glace !
Étienne Jodelle, Comme un qui s’est perdu dans la forêt
profonde, Sonnets, édition Agnès Rees, Préface Florence Delay,
Poésie/Gallimard, 2023, p. 74.
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