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17/02/2021

Italo Calvino, La Vicomte pourfendu

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Les gens qui m’attiraient le plus, à présent, étaient les huguenots qui habitaient le Val-des-Joncs. C’étaient des réfugiés de France, pays où le roi faisait couper en morceaux tous ceux qui suivaient leur religion. En traversant les montagnes, ils avaient perdu leurs livres et leurs objets sacrés, si bien qu’ils n’avaient plus ni bible à lire ni messe à dire, ni hymnes à chanter, ni prières à réciter. Méfiants comme tous ceux qui ont traversé des persécutions, et vivent au milieu de gens d’une loi différente, ils n’avaient jamais plus voulu recevoir aucun livre religieux ni écouter aucun conseil sur la manière de célébrer leur culte. Si quelqu’un venait les chercher en se disant un de leurs frères huguenots, ils craignaient que ce fût un émissaire du pape déguisé et s’enfermaient dans le silence.

 

Italo Calvino, Le Vicomte pourfendu, traduction Juliette Bertrand, Albin Michel, 1955, p. 73-74.

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