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26/08/2016

Michel Butor, Histoire extraordinaire, essai sur un rêve de Baudelaire

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(en hommage à Michel Butor)

 L’érotisme et la poésie

 

   Dans les Paradis artificiels, Baudelaire tentera d emmener à la poésie en défendant les drogues contre la morale bourgeoise, pour les condamner ensuite en tant que substituts précaires et dangereux de cette drogue absolue qu’est la poésie, « seul miracle dont Dieu nous ait octroyé la licence ». Nous voyons ici se dessiner dans sa pensée une autre apologie qui prendrait un point de départ dont la « tentation » est plus universelle encore, entouré d’une aura de scandale plus vive : il mènerait à la poésie en se servant de l’érotisme comme appât, et comme figure à dépasser.

Dans cette perspective, le Choix de maximes consolantes sur l »amour, paru en mars 1846 dans le Corsaire-Satan, l’une des premières publications de notre auteur, texte encore marqué de frivolité journalistique, tiendrait une place comparable à celle de l’essai de 1851, Du vin et du haschisch comparés comme moyens de multiplier l’individualité.

   Une des notes de Mon cœur mis à nu amorce le développement que je suggère :

   « Plus l’homme cultive les arts, moins il bande.

   Il se fait un divorce de plus en plus sensible entre l’esprit et la brute.

   La brute seule bande bien, et la fouterie est le lyrisme du peuple. »

   La « fouterie » se présente comme ersatz et reflet inférieur de l’acte poétique.

 

Michel Butor, Histoire extraordinaire, essai sur un rêve de Baudelaire, Gallimard, 1961, p. 70-71.

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