01/10/2013
Karl Krolow, Gravé dans le cuivre, Observations
Fleur d'artichaut
Une forte odeur de miel s'éleva et se maintint au plus près de la fleur coralliforme bleue, bleu saturé. Les fleurons étaient longs, ils ressemblaient certes à ceux des chardons, mais s'élançaient un peu plus fins de l'intérieur de la fleur, moins denses, moins piquants. Le réceptacle de cette fleur d'artichaut fort développée n'était pas mangeable. Il regarda le vase où elle semblait continuer à grandir sur sa longue tige aux feuilles dentelées. Le dessous des feuilles était blanchâtre et feutré. Son attention se portait sur la beauté de la couleur, le galbe aplati de la forme florale, une inflorescence de très larges capitules aux fonds charnus. Le côté charnel était, à ce qu'il examinait de l'extérieur et au bout de la haute tige, à moitié dissimulé. On portait plutôt son regard sur le sommet, où le galbe s'achevait dans une stricte verticalité et se dressait comme un casque pointu. Le tout était couronné par le bleu de la fleur, qui commença quelques jours plus tard à se piquer et dès lors à changer de couleur, comme il l'avait toujours observé.
Karl Krolow, Gravé dans le cuivre, Observations, traduction de l'allemand par Anne Gauzé, Atelier La Feugraie, 2013, p. 75.
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