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24/07/2013

Jean Tardieu, Les portes de toile

 

                         

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Le miroir de Corot

 

                                   (Largo)

 

 

   Je me regarde dans la glace et je vois un objet à peindre.

   Un objet dans la lumière du matin.

   L'air, autour de cet objet, se répand sans contrainte, agréable et sonore.

   L'objet est debout assuré dans ses trois dimensions : sa digne hauteur, sa largeur sans excès, sa paisible épaisseur.

   Il a ses creux et ses bosses, comme un arbre, comme un vallonnement, son ombre heureuse ici, là le côté du soleil...

   Ma vie que voici, vous êtes cet objet : le bon pain que je coupe, l'huile étale et légère, la lait de la journée et rien de vous ne me sépare : nous parlons sans arrière-pensée.

 

 

Jean Tardieu, Les portes de toile, Gallimard, 1969, p. 126.

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