01/02/2013
Tristan Corbière, Les Amours jaunes
Sonnet posthume
Dors : ce lit est le tien... Tu n'iras plus au nôtre.
— Qui dort dîne. À tes dents viendra tout seul le foin.
Dors : on t'aimera bien. — L'aimé, c'est toujours l'Autre...
Rêve : la plus aimée est toujours la plus loin...
Dors : on t'appellera beau décrocheur d'étoiles !
Chevaucheur de rayons !... quand il fera bien noir ;
Et l'ange du plafond, maigre araignée, au soir,
— Espoir — sur ton front vide ira filer ses toiles.
Museleur de voilette ! un baiser sous le voile
T'attend... on ne sait où : ferme les yeux pour voir.
Ris : Les premiers honneurs t'attendent sous le poêle.
On cassera ton nez d'un bon coup d'encensoir,
Doux fumet !... pour la trogne en fleur, pleine de moelle
D'un sacristain très bien, avec son éteignoir.
Tristan Corbière, Les Amours jaunes, dans Charles Cros,
Tristan Corbière, Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade,
Gallimard, 1970, p. 849.
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