15/12/2011
Roland Dubillard, Je dirai que je suis tombé
Roland Dubillard, 1923-13/12/2011
Je connais vos reproches
Oh ! bien sûr, je n'aurais pas dû.
Si j'avais pu prévoir une chose, comme vous dites, si prévisible !
Mais j'en avais tellement envie !...
C'est comme s'il avait fallu
que je me prive de mes bras !
Ceux qui disent que je n'aurais pas dû
ont oublié bien des choses
dont ils feraient mieux de se souvenir.
C'est facile, quand il n'est plus temps !
C'est facile, quand c'est arrivé !
Comme c'est facile et comme c'est cruel.
Car c'est moi qui reste là,
et qui regrette.
Je regrette, car maintenant
il y aurait...
Mais qui peut dire ce qu'il y aurait ?
Ils le disent pourtant, sans savoir.
On croit qu'une chose va continuer,
et quand la chose s'arrête,
on croit qu'elle aurait duré si longtemps !
Mais puisque c'est fait, puisque c'est arrivé,
On ne va pas rester là, tout autour, à ne rien faire !
J'y reviendrai tout seul trop souvent, malgré moi,
puisqu'il paraît que c'est moi...
Ou alors, si vous croyez qu'il faut que je paye,
— mais je ne sais pas avec quoi.
Roland Dubillard, Je dirai que je suis tombé, Gallimard, 1966, p. 96-97.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roland dubillard, je dirai que je suis tombé, les reproches | Facebook |
Les commentaires sont fermés.