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18/08/2011

Saint-John Perse, Éloges

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                                   XIII

 

La tête de poisson ricane

entre les pis du chat crevé qui gonfle — vert ou mauve ? —

Le poil, couleur d’écaille, est misérable, colle,

comme la mèche que suce une très vieille petite fille osseuse, aux   mains blanches de lèpre.

La chienne rose traîne, à la barbe du pauvre, toute une viande mamelles. Et la marchande de bonbons

se bat

contre les guêpes dont le vol est pareil aux morsures du jour sur le dos de la mer. Un enfant voit cela,

si beau

qu’il ne peut plus fermer ses doigts… Mais le coco que l’on a bu et lancé là, tête aveugle qui danse affranchie de l’épaule,

détourne du dalot

la splendeur des eaux pourpres lamées de graisses et d’urines, où trame le savon comme de la toile d’araignée.

                                                   *

Sur la chaussée de cornaline, une fille vêtue comme un roi de Lydie.

 

Saint-John Perse, Éloges, dans Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1972, p. 45.

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