14/07/2011
Jacques Izoard, La Patrie empaillée
Puis-je ? Puis-je rose ?
Puis-je enjamber le corps
de l’âne ou de la rose ?
Tout le serrement de l’ail
vaut la patrie pourrie,
la main qui coud la main,
l’œil, l’œil, le cœur, l’aine,
cachette
où les herbes les plus douces
tissent l’onguent cruel.
Pays de la basse besogne,
fourre langues et sabots
de colles et de couleuvres !
Dans la maison, je vis,
nous vivons tous la même
vie, sans bras, sans jambes.
La maison vit dans la maison.
Mais on dort quand même.
La maison de deux étages
abrite une famille de quatre.
On y trouve des arêtes, des noix,
des peignes, des aiguilles,
des boules de laine, des dents,
des massacres d’enfants.
Dans la chambre, une fille,
Dans la chambre, une vie,
Dans la chambre, une chambre
est le lieu sans hauteur,
la patrie empaillée.
J’y suis en quatre épingles.
Blanche ou quinze.
Jacques Izoard, La Patrie empaillée, Grasset, 1973, p. 9, 32 et 44.
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