01/02/2024
Jean-Claude Pirotte, Récits incertains
Je ne tiens pas à cadencer cette voix sourde
et citadine qui habite
le clair-obscur de la soupente
je mets au clou le métronome usé
des prosodies je n’en tirerai pas
un flèche et la rime usuraire
se coulera comme un vieux gant perdu
dans la sciure et les torchons
des brasseries où la piétaille expie
le quotidien grevé d’agios
je porterai le chômage des jours
comme un baume, et cet homme
accroupi rue des Grandes Arcades
entre la Haute Montée de la Mésange et la
place Gutenberg, cet homme jeune avec son
chien malade et sa pancarte où il est écrit
Sans argent
sans travail sans logement sans âme
cet homme aura ma menue monnaie d’âme
invendable puisque mon nom déjà
je l’ai donné sous ces mêmes arcades
à un autre clochard loquace et titubant
(…)
Jean-Claude Pirotte, Récits incertains,
Le temps qu’il fait, 1992, p. 43.
Publié dans ANTHOLOGIE SANS FRONTIÈRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean claude pirotte, récits incertain | Facebook |