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13/04/2021

Sharon Olds, Odes

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               Ode au sang menstruel

 

Je ne sais pas si vous êtes vivantes ou mortes, riches

rations de mues ; tube de nourriture

pour vol spatial, abandonné ; abats — ce qui

s’évapore, fait à partir de rien près de là où l’on fait

l’amour. Tu offres une couverture au petit garçon,

à la petite fille , tu es mâle et femelle —

servant ; magicien ; mère ; père ;

dieu du possible — nous quittant, la plupart du temps

superflu, toi que notre ignorance

a méprisé. Les morceaux que tu emportes

nous effrayaient, protéines et monocytes,

glucides et macrophagocytes, atomes

de fer bivalent, autant que s’ils avaient été

des parties de nous. Ruisseau aux berges duquel

on somnole et s’embrasse, merci pour cet espoir de

survie dont tu es à l’affût comme

les premiers secours. Honneur à toi, qui coules

dans les canalisations, les stations d’épuration, les rivières,

jusqu’à la mer, puis s’en extrait pour t’élever jusqu’aux

nuages, et tombes en pluie sur ton peuple, vigoureux

désir, manne transparente.

 

Sharon Olds, Odes, traduction Guillaume Condello, le corridor bleu, 2020, p. 41.